Après le meurtre de randonneuses, 2 Suisses toujours en prison au Maroc
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Quatre Marocains sont considérés comme les auteurs de l’attaque terroriste du 16-17 décembre qui a coûté la vie à deux jeunes femmes scandinaves au Maroc. Ces quatre suspects ont livré à la police une série de noms de complices présumés.
Un premier Suisse, Kevin, a ainsi été dénoncé fin décembre. Kevin est helvético-espagnol. Il vient de Genève et vit au Maroc depuis plusieurs années. Son avocat, Maître Saad Sahli, explique dans l’émission Mise au Point que son client a parlé aux inspecteurs lors des interrogatoires. Il aurait confirmé connaître certains des quatre terroristes présumés.
Il les aurait rencontrés au Maroc et aurait échangé des messages sur les réseaux sociaux. Le contact aurait cependant été coupé depuis une année. Maître Saad Sahli précise que les liens entre son client et les quatre terroristes présumés sont faibles et qu’ils se sont principalement développés par l’intermédiaire d’un imam à Marrakech. Son client ne parle pas arabe, alors que les quatre terroristes présumés ne parlent eux pas français. Selon l’avocat, une audition clef se déroulera le 4 février. Kevin pourra s’expliquer sur ses liens avec les quatre terroristes présumés.
Selon son épouse, Kevin était en Suisse pendant l’attaque
L’épouse de Kevin vit dans la banlieue de Marrakech avec leur fils de 2 ans. Elle donne d’autres éléments à la décharge de son mari. Fatima explique que son mari était avec elle en Suisse lors du crime le 16-17 décembre. “Si Kevin est coupable, pourquoi risquer un retour au Maroc après l’attaque? Cela ne fait pas de sens. Pourquoi revenir se jeter dans les prisons marocaines?” Pour appuyer ses dires, elle a fourni des photos des billets d’avion à la RTS. Les voisins de Kevin parlent eux aussi d’un garçon normal, pas radicalisé et proche de son épouse.
Pour les autorités du royaume, Kevin et Nicolas (le second Suisse arrêté) sont pourtant liés à un réseau de djihadistes. Selon la presse marocaine, le second Suisse aurait projeté des attaques contre le siège de la police fédérale suisse.
Des sanctions allant jusqu’à 30 ans de prison
Pour l’heure, l’enquête marocaine se base essentiellement sur des dénonciations obtenues lors des interrogatoires. L’avocat de Kevin soutient qu’il n’y a pas de preuves matérielles. Les autorités marocaines n’ont pas accordé d’entretien à la RTS pour confirmer cette absence de preuves matérielles.
Mercredi, les autorités du pays ont encore arrêté une série de suspects au Maroc. Un signe de plus de la fermeté des autorités marocaines dans le dossier. Les deux Suisses risquent jusqu’à 30 ans de prison.
François Ruchti